Vu Cao Dam : peintre ou sculpteur ?

Peintre ou sculpteur ? Vu Cao Dam était les deux, se consacrant aux deux activités, l’une en trois dimensions, la sculpture, l’autre en deux dimensions, la peinture. Cela démontre une originalité certaine, ses meilleurs amis de l’École des Beaux-Arts d’Hanoi – Le Pho, Mai Thu and Le Thi Luu – par exemple n’étant «  que » peintres.

Mais lequel des deux, le peintre ou le sculpteur influença le plus l’autre ?

La magnifique peinture que nous avons l’honneur de présenter ici nous apporte quelques réponses en nous permettant de mieux appréhender la double compétence du peintre-sculpteur:

En effet on peut y trouver un double jeu, entre le peintre et le sculpteur, qui conduit à l’élaboration d’une oeuvre très originale. Affirmons le au risque de choquer, Vu Cao Dam, le peintre, peint des sculptures de Vu Cao Dam le sculpteur… Celles-ci ne sont pas faites de glaise ou de bronze mais de gouache et d’encre.

Loin de peindre ici simplement quelques jeunes femmes du Tonkin, il nous les propose comme figées dans leur geste et leur expression. S’il l’une est face à nous, l’autre se présente de profil. L’une a les bras cachés, l’autre dresse son bras gauche au centre de la composition, toutes deux étant harmonieusement complémentaires et supplémentaires par rapport à l’autre. Les deux jeunes femmes n’apparaissent pas en discussion mais figées telles deux sculptures.

Les deux bandeaux de coiffure viennent couper le noir d’encre de la chevelure and enserrer, en haut, la scène décrite. La main, gracieuse et alerte, de la jeune femme de droite apporte une vitalité qui contraste avec les visages qui semblent figés. Les tons pastel des ao dai viennent, eux, cerner, en bas la scène. On ressent là le talent du sculpteur qui sait choisir un instant et figer un mouvement.

Vu Cao Dam nous montre que le langage est avant tout une posture plus que des mots.

Alors, Vu Cao Dam: peintre ou sculpteur ?

Jean-François Hubert