Hoang Tich Chu et Nguyen Tien Chung : « La moyenne région »

16 octobre 2019 Non Par Jean-François Hubert

Il est rare, en peinture, de rencontrer une œuvre signée de deux artistes. Pour autant les deux artistes – diplômés de la XIème promotion de l’École des Beaux-Arts d’Hanoi (1936-1941) – sont connus pour avoir collaboré sur une autre oeuvre la même année (« La Baie d’Along »).

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Hoang Tich Chu et Nguyen Tien Chung : « La moyenne région »

L’œuvre est exceptionnelle dans la production picturale vietnamienne du XXème siècle : avec force, au sommet de leur art, les deux artistes nous offrent une vision puissante de la majestueuse et mystérieuse « moyenne région » du Tonkin dont leurs maîtres Victor Tardieu (qui meurt en 1937) et Joseph Inguimberty vantaient la beauté et encourageaient leurs élèves à s’y déplacer pour la peindre.

Les « pains de sucre », nombreux dans cette région du Vietnam, et la végétation sauvage sont magnifiés par l’utilisation massive de laque d’or, tandis que, en contraste, les rizières sont figurées par une laque brune.

Signature de l'œuvre
Signature de l’œuvre

Les signatures en caractères romanisés diffèrent de celles, le plus souvent en caractères sino-vietnamiens, de certains de leurs brillants contemporains (Tran Van Can 1910 – 1994), Nguyen Khang (1911 – 1989) ou encore Pham Hau (1903-1995). Le format identique des deux signatures (situées en bas à droite) témoigne du fait que les deux artistes sont intervenus à part égale dans la conception et dans l’exécution de cette oeuvre.

Poétique et lyrique, la représentation n’en est pas moins réaliste (clotures, maisons, repiqueurs de riz…) et témoigne d’un sens aigu de l’observation.

Les deux artistes poursuivront leur amitié toute leur vie, et continueront à offrir leur talent au service de la beauté et de la sérénité.

En contemplant l’oeuvre nous reviennent les vers de Madame de Thanh- Quan (XIXème siècle) :

Je m’arrête et contemple le ciel, les monts, les eaux:
Mes pensées intimes sont seules avec moi-même.

Madame de Thanh – Quan (traduction Lê Thanh Khoi)

Jean-François Hubert