Vu Cao Dam. La période Findlay : un peu avant et pendant
Tout au long de sa vie, Vu Cao Dam aimait à répéter que l’essentiel de son inspiration provenait de sa fréquentation assidue du Kim Van Kieu, la saga poétique de Nguyen Du (1765-1820) qui pour tous les observateurs attentifs et objectifs, en dehors et à l’intérieur du Vietnam, décrit l’âme même du pays. Une dramatique histoire d’amour, où destin et passion, rites et accidents, sont décrits dans une magnifique langue.
Notons que Vu Cao Dam ne choisit jamais d’illustrer les pages sombres (si nombreuses pourtant…) mais plutôt les moments doux, heureux et/ou sereins qui emplissent aussi l’œuvre.
Son inspiration est d’abord celle d’un érudit, prédestiné, issu d’une famille de mandarins particulièrement lettrés dans laquelle chaque fils se voyait attribuer un nom dont le sens se rapportait à l’éloquence. En effet, au sein des familles distinguées du Vietnam traditionnel, la tradition était de nommer ses enfants en évoquant une vertu remarquable de la famille. Ainsi « Vũ Cao Ðàm » signifie « Mots supérieurs » et le nom de son père « Vũ Ðình Thi », « Poète érudit ».
Termes qui s’appliquaient parfaitement à son père – qui connaissait si bien le sens et la valeur des mots – puisqu’il fut un remarquable linguiste, fondateur du Collège des interprètes (vietnamien-français) d’Hanoi le 27 Janvier 1886 sous l’autorité du Général Warnet, chef du corps du Tonkin. Il fut aussi un des représentants du Vietnam à l’Exposition Universelle de Paris en 1889. L’on y admirait notamment la Tour Eiffel et une reconstitution d’une pagode d’Angkor (essentiellement à partir de moulages) au Palais du Trocadéro.
On comprend ainsi la rigueur rituelle mais aussi le sens du grand large qui pesaient sur Vu Cao Dam, lui même instrument et acteur de la tradition.
Quant au Kim Van Kieu, Vu Cao Dam ne se contenta pas d’en être un simple illustrateur : il le compléta en le citant picturalement, y insufflant une vertu moderne faite d’amour et d’admiration. Dans certaines de ses peintures – mais assez rarement – on peut identifier des scènes précises et certains personnages de l’ouvrage. Mais ses peintures sont plus des évocations, une sorte atmosphère.
Reprenons: dans le texte original, Kieû et Van voient apparaître un homme sur sa monture : « son cheval, petit et vif, était blanc comme la neige, la couleur de ses vêtements tenait du vent et de l’herbe du ciel ».
Ainsi se présente Kim, un des principaux caractères masculins du livre. L’on constate que le peintre illustre probablement la rencontre y compris en usant des couleurs évoquées dans le texte sans pour autant associer Kieû et Van:
Deux éléments doivent être notés:
D’abord on constate que Vu Cao Dam avait « fixé » son nouveau style avant le contrat en 1963 avec la Galerie américaine Findlay. « Le Cheval Blanc » peint deux ans avant le contrat concentre, en effet, toutes les caractéristiques de l’artiste qu’il conservera tout au long des années à venir.
« Composition », datée 1978, nous installe au cœur du « style Findlay ».
On y constate néanmoins l’allégement des fonds au bénéfice des personnages sous l’« influence Findlay ».
Toutes les peintures de cette époque sont des œuvres de maturité, d’une construction ferme, aux couleurs fortes (l’huile a des tons brillants, la gouache avait des tons mats et les techniques mixtes des années 50 se situaient dans un ton intermédiaire).
Elles sont fidèles à une atmosphère extrême-orientale.
Maîtrise et sensibilité se combinent pour nous offrir une volupté digne :
Comment Vu Cao Dam connut-il Findlay ?:
« Je pense que c’est par Le Pho que Papa a connu Findlay à Paris (…). Findlay et sa sœur Helen sont souvent venus à Saint-Paul et ils ont longtemps entretenu une longue correspondance avec mes parents ».
(Yannick Vu-Jakober, fille de l’artiste-communication personnelle / 20 avril 2018).
Michel Vu, le fils de l’artiste a bien voulu nous préciser (communication privée 26-05-2020) que son père Vu Cao Dam resta fidèle à Findlay :
« Mon père était très heureux de travailler avec Findlay. Il a commencé à gagner sa vie confortablement mais Simone Karoff demandait toujours beaucoup de tableaux et cela le fatiguait. Cela n’était pas son rythme naturel. A la fin de sa vie mon père ne peignait presque plus, il n’en avait plus la force, mais le contrat n’avait pas été rompu même si il ne vendait plus à Findlay qui, de toutes façons n’était intéressé que par une production importante ».
La Galerie Findlay, promoteur des artistes de son temps ouvra le marché américain à Vu Cao Dam et lui offrit une nouvelle audience :
Jean-François Hubert
[…] Le cheval respire la force à l’inverse du modèle docile voire passif, des années précédentes. […]
[…] Elles restent sous-cotées, les collectionneurs s’enthousiasmant pour ses œuvres précoces, ou sa période Findlay (1963-2000) alors que l’artiste témoigne dans sa belle cité de Vence d’un […]
[…] HKD). Leur fraîcheur et leur énergie diffuses marquent l’ambition du peintre qui à la suite de son contrat (signé en 1963) avec Wally Findlay, veut – aussi – conquérir […]
[…] lequel Vu Cao Dam utilise l’huile, un médium qu’il conservera pendant tout son contrat avec la galerie Wally Findlay à partir de […]
[…] Outre par ses « Pivoines », Vu Cao Dam a séduit en doublant (lot 200) ou triplant (lots 201 et 205) les estimations avec ses huiles sur toile de sa période Findlay. […]