Le Pho : « Les Poissons rouges », ou la beauté de la nature domestiquée.
Le tableau présenté ici est – sous réserve d’un inventaire ultérieur – unique dans la production de l’artiste.
En effet si femmes et enfants ont quasiment monopolisé le talent du peintre, si nombre de bouquets ont éclos sous sa main, si, même de très rares paysages ou représentations urbaines sont rencontrés, voire quelques oiseaux, c’est la première fois que nous présentons une représentation de poissons.
C’est dire la rareté de cette oeuvre exceptionnelle.
Cinq poissons rouges – de ceux de que l’on trouve un peu partout, dans les bassins ou les mares artificielles des jardins du Vietnam – se meuvent au sein de plantes aquatiques.
Mais Le Pho n’a pas le sens « naturaliste » de Nguyen Phan Chanh : les poissons semblent plus se mouvoir dans l’air que dans l’eau, voler que nager.
Peu de réalisme aussi dans la description des plantes aquatiques. Pour l’eau, Le Pho emploie un bleu qu’il utilise dans d’autres tableaux pour le ciel ou les collines : semblable au ciel.
La perspective est quasi absente.
Pourquoi ?
Parce que dans son oeuvre, Le Pho refuse le naturalisme.
Pour lui, tout ce qui est reproductible est faux et la beauté – la seule qualité qui vaille – c’est l’immédiateté conquise par l’homme.
Jean-François Hubert