2019 : l’année de tous les records pour l’art vietnamien
2019 a commencé en « gants blancs » chez Christie’s, à Hong Kong, le 26 mai.
L’année s’est poursuivie – toujours en « gants blancs » – avec une nouvelle vente phénoménale de peintures vietnamiennes toujours chez Christie’s , toujours à Hong Kong, le 24 novembre 2019.
« Gants blancs » : ce sont les deux mots qu’emploient les britanniques – eux , les vrais créateurs des enchères modernes – pour saluer une vente où tout a été vendu.
Une performance pas si facile de nos jours tant les contraintes des vendeurs, les exigences des acheteurs, les aléas politiques ou économiques peuvent rendre un marché aléatoire…
Quelques éléments expliquent notre succès :
D’abord, la préparation :
Celle-ci s’opère bien en amont : la sélection des oeuvres proposées conditionne tout. La collection Tuan Pham (I et II), emplie de chefs d’oeuvre et empreinte de l’histoire singulière du collectionneur, d’une sensibilité extrême a touché les collectionneurs. En témoignent ses résultats, somptueux.
La collection Ngo Manh Duc, hommage d’un fils à sa mère (Le Thi Luu) et d’autres oeuvres d’autres vendeurs qui ont choisi l’anonymat ont construit un ensemble d’oeuvres jamais proposées jusque là.
Ensuite, la rédaction du catalogue :
Apprendre, comprendre, surprendre, tel est mon leitmotiv. Nous devons apprendre tous les jours, essayer de mieux comprendre les oeuvres et j’ai l’ambition aussi de surprendre. Tout ceci doit se retrouver dans le catalogue construit avec soin. La lutte contre l’obscurantisme et l’ignorance est une vigilance absolue. Épuisé très rapidement, le catalogue confirme son utilité particulière.
Également l’ exposition :
Orchestrée par Christie’s Hong Kong pour présenter les oeuvres avant la vente, après d’autres expositions itinérantes (Singapour, Jakarta, Taipeh, etc).
Elles sont libre d’accès ; il faut s’y rendre. Malgré mes 46 grandes ventes en Asie, je suis à chaque fois époustouflé par la qualité de la présentation. C’est là où le contact direct – qui doit être l’unique source de connaissance – avec l’oeuvre permet tout. Regarder en direct pour apprendre. Combien d’abrutis « en liberté » – pour peu de temps ? – glosant sur des photos…
Enfin, le dialogue :
Toujours discret – entre l’expert, les vendeurs et les acheteurs – est essentiel : la beauté s’explique, se promeut et ne se solde pas…
Records du monde pour tout : total annuel pour l’art du Vietnam, total pour une vente d’art vietnamien, pour une collection (Tuan Pham) pour une oeuvre et une peinture vietnamienne et pour l’artiste :
- Le Pho (1,4 millions USD/1,250 millions €)
- Luong Xuan Nhi
- Le Thi Luu
- Vu Cao Dam dont vous pouvez retrouver l’analyse ici
- To Ngoc Van (1,2 millions USD/1,050 millions €)
- Mais aussi Pham Hau, Nguyen Phan Chanh, Hoang Tich Chu, Nguyen Trung, Do Quang Em, Nguyen Gia Tri, Nguyen Do Cung, Pham Van Don.
- Records aussi pour de merveilleux Mai Thu dont le magnifique nu « ingresque » a créé l’événement.
Ces « gants blancs » sont donc chiffrés .
Nul doute que Picasso pour qui « la seule valeur d’un peintre est son prix en vente publique » aurait apprécié un total de 63.651.250 HKD en 42 lots tous vendus les 25-26 mai 2019 et un total de 30.246.250 HKD en 42 lots, tous vendus le 24 novembre 2019.
Et donc un total (sans comptabiliser les ventes en ligne et privées) de 84 lots récoltant 93.897.500 HKD soit environ 10,9 millions d’euros ou 12 millions de dollars américains pour 2019.
Le mérite en revient aux amoureux de la peinture vietnamienne. Qu’ils en soient honorés et remerciés ici.
Jean-François Hubert