Vu Cao Dam – Le Mandarin
A la vue du “ Mandarin”, Yannick Vu-Jakober, fille du peintre m’écrivit en 2002:
Ce portrait de mandarin a été peint vers 1945-46. Il ne représente pas nécessairement son [Vu Cao Dam] père mais comme tout ce qu’il peignait il a surement été inspiré par des souvenirs. Ma mère est heureuse que vous ayez retrouvé les traces de ce merveilleux portrait
Dans une autre missive qu’elle m’adressa en 2018, Yannick me suggéra une autre date : 1942. Au-delà de l’anecdote, cela illustre la constante recherche en art en général et en art vietnamien en particulier.
Il n’est pas indifférent que ce soit pendant l’occupation allemande de la France (1940-45) – où il vit depuis 11 ans – que l’artiste crée ce grand portrait de mandarin civil (du plus haut rang comme le démontre l’aigrette figurée sur son vêtement) et que ce soit la plus grande soie répertoriée (145,5 cms x 71 cms) dans l’oeuvre de l’artiste.
Celui-ci nous décrit un mandarin austère dans un style chinois évident. En ces temps de grande incertitude Vu Cao Dam semble « réactiver » une influence chinoise et se questionne sur sa vraie identité. Chez l’être humain la quête de l’immortalité se fonde sur l’anxiété du moment.
Vu Cao Dam était le fils du lettré Vu Dinh Thi, le créateur de l’École des interprètes d’Hanoi. Le visage de notre mandarin ressemble à celui d’un bronze réalisé par l’artiste en 1927 (« Buste de mon père » qui fut exposé au Musée Royal de Mariemont, Belgique) et illustré dans le livre-catalogue : « La fleur du pêcher et l’oiseau d’azur », 2002, p.164).
Jean-François Hubert