Le Vietnam triomphant chez Christie’s à Hong Kong ou l’odeur envoutante de la pivoine blanche

20 novembre 2024 Non Par Jean-François Hubert

En suite des très solides résultats (12 lots vendus sur 12) – près de 28 millions de dollars de Hong Kong (HKD) – de la vente inaugurale du « Henderson » à Hong Kong, les 26 et 27 septembre derniers, Christie’s y proposait le 9 novembre un très bel ensemble de 14 œuvres, également toutes vendues pour un total de 18 005 400 HKD.

Le Pho – Nature morte aux fleurs et pommes
Gouache et encre sur soie (92 X 59,6 cm)
Vers 1952-54 (lot 204 de la vente)

Cinq artistes. Quatre techniques. Deux pays.

  • Une femme (Alix Aymé), quatre hommes (Vu Cao Dam, Mai Thu, Pham Hau, Le Pho).
  • Quatre, morts en France, un (Pham Hau) au Vietnam.
  • Trois laques, sept huiles, sur toile ou panneau, un « pastel et crayon », trois gouaches et encre sur soie.
  • Exécutés entre 1934 et les années 70.
  • Trois au Vietnam (le Mai Thu, le Pham Hau et le portrait de Le Thi Luu par Le Pho), onze en France.

Sont réunis là l’identité de la peinture « vietnamienne » qui oscille entre le « droit du sol » et le « droit du sang ». À suivre…

Parmi les œuvres présentées, nous avions décrit longuement les « Pivoines » (lot 194) de Vu Cao Dam. L’œuvre a quasi quadruplé son estimation basse, ce qui démontre un intérêt croissant pour l’époustouflante période de Vence du peintre-sculpteur.

Décrit aussi le grand « portrait de Le Thi Luu » (lot 198) par Le Pho, qui, lui, a multiplié par 2,5 son estimation basse. Adjugé 1 710 000 HKD, déjà chez Christie’s le 26 mai 2013, il a atteint le 9 novembre dernier 5 040 000 HKD.

Du même la gouache et encre sur soie, (lot 199) (« Dame élégante près de la clôture ») vendue 2 772 000 HKD avait déjà été adjugée 1 480 000 HKD le 29 mai 2016, toujours chez Christie’s. Triplé en 11 ans pour l’une, doublé en 8 ans pour l’autre, deux exemples significatifs de la hausse continue et saine du peintre.

Outre par ses « Pivoines », Vu Cao Dam a séduit en doublant (lot 200) ou triplant (lots 201 et 205) les estimations avec ses huiles sur toile de sa période Findlay.

Un grand Le Pho (lot 203), lui aussi une œuvre de sa période Findlay où les tons jaunes et bleus dominaient a quadruplé la sienne tandis que sa « Nature morte aux fleurs et pommes », vers 1952-54 (lot 204) a séduit, elle, son public en plus que doublant son estimation.

Mai Thu (lot 196) reste handicapé par une surabondance d’œuvres sur le marché. Mais ceci ne concerne que ses œuvres à partir des années 50. Le « portait d’une jeune vietnamienne » un pastel et crayon daté de 1934 de celui qui reste le meilleur portraitiste de toute la peinture vietnamienne n’a pourtant atteint que son estimation basse.

Du Pham Hau (lot 197), atypique, émanait une influence japonaise probablement acquise entre 1940 et 1945… Il fut vendu à son prix.

Enfin, Alix Aymé (lots 192 et 193) obtenait deux beaux résultats pour des laques des années 50. L’artiste avait pulvérisé son record du monde avec une laque iconique, le 26 septembre lors de la session inaugurale au Henderson.

Côté chiffres, aux 28 millions de HKD de la vente inaugurale de septembre, il convient de rajouter les 18 millions de HKD de la vente du 9 novembre et les prix obtenus par les 2 œuvres vendues « online », le 12 novembre (un Le Pho (604 800 HKD) et un Tran Luu Hau (214 200 HKD).

C’est donc un total de 28 œuvres sur 28 pour un total de 46 653 200 HKD qui ont été adjugées chez Christie’s à Hong Kong en un peu plus de 6 semaines. Soit en arrondissant (les constantes fluctuations des taux de change nous y autorisent…), 5,65 millions d’euros ou 6 millions de dollars américains.

L’ensemble de ces résultats conforte la prééminence incontestable de Christie’s en peinture vietnamienne.

Christie’s qui, à l’international, fut la première maison de vente à inaugurer une expertise et une section vietnamiennes dès 1997 à Singapour.

27 ans plus tard la peinture vietnamienne se porte bien.

L’air y est paisible, comme imprégné de l’odeur envoûtante de la pivoine blanche…

Jean-François Hubert